Pourquoi Gottéron doit rester en ligue A
Hockey sur glace · Dans cinq jours, l'équipe de Mike McParland jouera sa survie dans l'élite. Dans cinq jours, l'équipe de Mike McParland jouera sa survie dans l'élite.
L'inquiétude est vive autour de Fribourg-Gottéron. Dès jeudi, Gil Montandon et ses coéquipiers s'embarqueront dans une série de tous les dangers contre Bienne, le champion de ligue B. Voilà pourquoi Gottéron doit se maintenir.
Parce que les Fribourgeois
s'ennuieraient
Si l'affluence est en net recul cette saison (4457 spectateurs par match), ce n'est pas en ligue B que ça va s'arranger. Prenez le cas de Lausanne, relégué il y a un an, qui a vu sa moyenne chuter de 5897 à 3205 (- 45%)! Les matches de Gottéron restent - et de très loin - la distraction sportive favorite des Fribourgeois. Multiplié par 27 matches, cela donne tout de même 120 344 entrées à la patinoire depuis le début de la saison. De Chiètres à Montbovon, de Murist à Planfayon, le hockey est le sujet de conversation privilégié des Fribourgeois. Que ceux qui n'ont jamais râlé sur Roland von Mentlen ou pesté contre l'équipe lèvent la main!
Parce que Gottéron fait
exister le canton de Fribourg
Coincé entre la Suisse alémanique et l'Arc lémanique, le canton de Fribourg peine à s'affirmer. Le dragon fribourgeois, présent très régulièrement dans les médias nationaux, fait dès lors figure de cheval de Troie.
La fondue, Jean Tinguely, la cathédrale ou Jo Siffert, ce sont les ambassadeurs de Fribourg à l'extérieur des frontières cantonales. «Gottéron fait aussi partie de l'image de Fribourg», appuie Dominique de Buman, conseiller national. «Dans les autres cantons, le Fribourgeois est souvent comparé à David face à Goliath. Gottéron appartient à l'élite avec toute la sympathie qu'on accorde aux plus petits, car le club a moins de moyens financiers.»
Dominique de Buman a l'habitude de fréquenter la patinoire Saint-Léonard. «Gottéron représente une authenticité, cette image profonde de la population. C'est un reflet de l'âme du Fribourgeois. Tout cela est lié aux origines du club, même si ce dernier a déménagé. On n'est plus en Basse-Ville et même en l'Auge, mais Gottéron correspond au tempérament du Fribourgeois.» Les Fribourgeois sont attachés à leur club, selon le conseiller national. «On peut réellement parler d'une génération Gottéron. Vingt-six ans de ligue A, c'est même plus qu'une génération. Gottéron, c'est une émulation. Le peuple a besoin de pain et de jeux.»
Parce que des emplois
sont en jeu
Fribourg-Gottéron représente un budget de 7,5 millions. En ligue B, il serait amputé de deux ou trois millions au moins. Fribourg-Gottéron, c'est aussi une trentaine de postes liés à la première équipe (joueurs, entraîneurs et encadrement). En cas de relégation, la plupart des hockeyeurs devrait renégocier leur contrat ou trouver du boulot ailleurs. A l'administration, des licenciements seront inévitables. Un club de ligue B tourne avec deux ou trois personnes, alors que Gottéron occupe actuellement sept personnes.
Parce que c'est un bon
support publicitaire
Quand Gottéron est dans le pétrin, comme ce fut le cas ces derniers temps, les milieux économiques se mobilisent en achetant des actions, souvent par affection. Le sponsoring ne répond pas à la même logique. «Ce n'est pas que le coeur, mais aussi la raison qui nous pousse à sponsoriser Fribourg-Gottéron», soutient Philippe Virdis, patron de Groupe E, un des plus gros sponsors du club. Le directeur s'explique: «Aujourd'hui, les clubs d'élite (réd: Groupe E est notamment sponsor de Neuchâtel Xamax) ont un fort écho dans les médias nationaux. Il ne se passe pas une semaine sans que notre logo y figure, et en plusieurs exemplaires. Aujourd'hui, le rapport coût/image est plus intéressant sur le maillot d'un joueur que dans un spot TV.»
Comme support publicitaire, Fribourg-Gottéron est donc imbattable au niveau cantonal et fait partie du groupe de tête sur le plan romand. «On peut également comparer le coût du sponsoring d'un club à l'autre», reprend Philippe Virdis. «Egalement confrontée à l'ouverture des marchés, la société électrique de la ville de Zurich (ewz) investit 898 000 francs par saison pour voir son logo figu- rer sur les équipements des ZSC Lions. Pour les maillots de Gottéron, nous dépensons moins de 200 000 francs alors que ces deux équipes évoluent dans le même championnat, pour un écho médiatique quasi semblable.»
Parce que Gottéron n'est
pas un club comme un autre
Dans quel club faut-il virer le meilleur compteur - Hannes Hyvönen - pour relancer l'équipe? Dans quel club, récolte-t-on, lors du même championnat, 36 points en 31 matches après en avoir obtenu 4 en 13 rencontres? Tout cela est possible à Fribourg. Bref, il se passe toujours quelque chose à la patinoire Saint-Léonard, sur la glace ou en coulisses. Un phénomène qui fait ricaner année après année certains journaux alémaniques. «Que l'on en parle en bien ou en mal, Fribourg-Gottéron est un club qui fait causer. C'est la preuve de son importance», relève Laurent Schneuwly, le président du club. «Seul Ambri génère autant de passion et d'émotions. Sans Gottéron, la LNA ne serait pas pareille.»
Parce que le hockey ne
ferait plus rêver les jeunes
Une relégation de Gottéron aurait également des conséquen- ces dans la formation. Père de deux enfants hockeyeurs, Dominique Meyer relève: «Dans le canton de Fribourg, les mouvements juniors sont déjà en perte de vitesse. La relégation créerait de grosses pertes d'effectifs.»
Si une relégation faciliterait peut-être l'intégration des juniors en ligue nationale, Fribourg-Gottéron perdrait son rôle de locomotive, de modèle, il ne serait plus ce rêve relativement accessible. Les jeunes se tourneraient vers autre chose. Du coup, les patinoires de Marly, Romont, Guin ou Châtel perdraient des clients...
Parce que les journalistes
ne sauraient plus quoi écrire
Chaque année, le journal que vous tenez entre vos mains consacre plus de cent pages à Fribourg-Gottéron. C'est incontestablement le sujet sportif numéro un de «La Liberté», mais aussi des «Freiburger Nachrichten», de «Radio-Fribourg» ou de «Radio Freiburg». «Fribourg-Gottéron est aussi un moyen pour nous d'inciter les jeunes à lire le journal», relève Roland Ecoffey, responsable du marketing de «La Liberté». I
En ligue A, Fribourg-Gottéron fait vibrer et causer tout un canton.
