Ce succès à l'extérieur vaut néanmoins de l'or. Il place en effet les Seelandais, qui n'avaient déjà pas l'avantage de la glace au départ, dans une position extrêmement inconfortable. Si d'aventure il parvient à «confirmer le break» demain devant son public, Gottéron ne sera plus qu'à un succès de son maintien en LNA et disposera même, pour poursuivre cette allé- gorie tennistique, de quatre balles de match.
Mike McParland est bien conscient de cette situation: «Au-delà de toutes les analyses, c'est bel et bien la victoire qui est importante, très importante même. On va certainement en mesurer le poids ces prochains jours.» En effet, son équipe a fait coup double en enfonçant encore un peu plus le clou tant sur le plan arithmétique que sur le plan psychologique. Le mentor ontarien doit surtout être soulagé, car une fois de plus, sa formation n'a pas été seigneuriale, loin s'en faut même, lors de cette deuxième explication. Et il n'en disconvenait du reste pas: «Nous aurions dû tuer le match au deuxième tiers déjà. C'est incroyable ce que nous avons manqué comme occasions.»
Le manque d'efficacité de ses hommes devant le filet adverse ne date pourtant pas d'aujourd'hui. Toute la saison ses hommes ont mitraillé la cage adverse mais sans trop de discernement. Dans la série contre Bienne, il en est tout simplement de même. Sans un grand Tom Askey dans la cage, ces carences auraient pu leur coûter la victoire.

La chance de Fribourg-Gottéron est d'avoir affaire à un adversaire désavantagé à maints égards par le fait d'avoir disputé tout un championnat sur un rythme moins élevé et face à des adversaires moins rapides sur le palet. Il n'existe pourtant pas un abîme infranchissable entre les deux protagonistes de cette série. Avec un peu plus de réussite, Bienne aurait même très bien pu gagner ce deuxième match. Son manque d'expérience lui a finalement été fatal. L'entraîneur biennois Kim Collins en était bien conscient: «Nous avons malheureusement commis trop d'erreurs individuelles. J'avais aussi averti mes hommes que M. Reiber ne laisserait pas passer les accrochages avec la canne. Or la plupart des pénalités que nous avons prises correspondent à ce cas de figure. Si le deuxième but était venu plus tôt, je suis certain que la face du match aurait changé.»
De son côté, Mike McParland était satisfait d'un certain nombre de points dont le penalty killing. Frappée de onze pénalités mineures soit l'équivalent de plus d'un tiers complet, son équipe a bien tenu le choc. Elle a certes encaissé deux buts en infériorité numérique, dont un à trois contre cinq, mais elle a relativement bien résisté à des Biennois dont le jeu de puissance était trop fébrile. Gottéron a également inscrit deux buts en supériorité numérique et c'est finalement l'unique but marqué à cinq contre cinq (le 1-3 par Oliver Kamber) qui a fait la différence.
Du côté des étrangers, Richard Lintner a une fois de plus joué un rôle clé dans le camp fribourgeois. Bien que Bienne ait cherché à gêner son rayonnement en le pressant à la ligne bleue (après ses trois buts de jeudi, il faisait peur!), le Slovaque a néanmoins inscrit l'importantissime 1-2 sur un impair de von Gunten et a aussi livré un très bon match sur le plan défensif. Dans le camp seelandais, Tuomainen a certes marqué deux fois mais les renforts venus du CP Berne, Pascal Trépanier et Eric Perrin n'ont pas eu l'apport escompté.

Reste que dans le camp fribourgeois certains joueurs sont sur les rotules. L'absence de Julien Sprunger s'est fait lourdement sentir. Ni Bielmann ni les joueurs alignés sporadiquement aux côtés de Montandon et de Plüss n'ont pu soulager ces derniers, visiblement à bout de souffle. En défense, Tom Askey est l'arbre qui cache la forêt. Car Berger et Ngoy sont dépassés par les événements tandis que Haldimann et le nouveau venu Kovanen, bon par intermittence seulement, sont à la limite. Seuls Marquis et Lintner ont le niveau que l'on est en droit d'attendre de défenseurs de LNA. «En tout cas, nous n'allons pas lâcher le morceau. Nous savons que le coup est jouable et Gottéron continuera à avoir en face de lui une équipe qui se bat soixante minutes», avertit Kim Collins.