Cela s'était passé le 11 mars. Malmené par Ambri sur leur Resega fétiche (défaite 5-4), Lugano est mené 3-0 dans le quart de finale contre l'ennemi levantin. Ses chances de survie? Minimes! La réaction des tifosi? Remontés comme des pendules, ils houspillent et apostrophent avec véhémence les hockeyeurs bianconeri sur le parking.
Cela s'est passé le 11 avril. Hier donc. Acteurs d'un monologue à fort accent finnois contre un Davos autant dépassé que résigné, Lugano ne se situe plus qu'à un succès du septième titre de son histoire. Vingt ans après avoir soulevé son premier trophée national (contre le HCD, clin d'oeil au destin), le HCL peut légitimement voir la vie en rose. Ses chances de ne pas être paré d'or? Infimes! La réaction des tifosi? Chauds comme la braise, ils s'apprêtent à fêter leurs héros. Et, pour l'instant, leur demandent seulement au son du désormais fameux «Non mollare mai» de ne pas ramollir.
En un mois, un mois tout juste, Lugano a donc changé de tunique. Il a échangé son bonnet d'âne contre une couronne. Pourquoi? Comment? Les explications (à commencer par le changement d'entraîneur) sont multiples. Mais seuls les joueurs détiennent la vraie réponse.
En tout cas, cette équipe luganaise, dont le parcours 2006 chaotique et biscornu renforcera probablement sa légende, mérite de récolter les lauriers. Hier encore, alors que Davos lui avait promis l'enfer, elle a étouffé les timides sursauts d'orgueil de son rival au moral chancelant et dénué d'émotions positives.
A témoin, les cavalcades des géniaux Finlandais (trois hommes, sept points) de Kreis dans la zone grisonne.
A témoin aussi l'aisance avec laquelle les Tessinois ont transformé l'enfer en paradis. N'avaient-ils pas assommé les Alémaniques après sept minutes en menant 2-0?
A témoin enfin, la sérénité d'un groupe qui sait qu'il est le plus fort. Mais qui a la capacité de passer de la théorie à la pratique en donnant simplement l'impression de s'amuser.

Davos - Lugano 2-8 (0-2 1-3 1-3)
Eisstadion. 7211 spectateurs. Arbitres: MM. Kurmann, Simmen et Sommer.
Buts: 7e (6'09) Nummelin (Peltonen, Gardner) 0-1, 7e (6'44) Jeannin (Hentunen, Sannitz) 0-2, 24e Peltonen (Jeannin, Nummelin/5 c 4) 0-3, 29e Peltonen 0-4, 30e Burkhalter (Christen, R. von Arx/5 c 4) 1-4, 34e Hentunen (Sannitz, Jeannin) 1-5, 51e Jeannin 1-6, 54e Romy (Reuille) 1-7, 56e Romy (Reuille, Fuchs) 1-8, 57e Riesen (5 c 3) 2-8.
Davos: Hiller; Gianola, J. von Arx; Hauer, Blatter; Winkler, Kress; Häller; Bruderer, R. von Arx, Hahl; Juhlin, Marha, Wilson; Burkhalter, Sutter, Riesen; Guggisberg, Rizzi, Ambühl; Christen. Entraîneur: Del Curto.
Lugano: Rüeger; York, Vauclair; Nummelin, Hirschi; Guyaz, Cantoni; Gerber; Chiesa; Gardner, Metropolit, Peltonen; Hentunen, Sannitz, Jeannin; Reuille, Romy, Fuchs; Näser, Wirz, Murovic. Entraîneur: Kreis.
Notes: Davos sans Ackeström (surnuméraire); Lugano sans Conne (blessé), Oksa, Hänni, Bianchi ni Norris (surnuméraires). Tir sur le poteau: Nummelin (19e).
Pénalités: 3 x 2' contre Davos, 5 x 2' contre Lugano.

Vu et entendu
La phrase
«Dommage qu'il n'y a que 22 places sur la feuille de match...» Un SMS de Flavien Conne. Privé de glace depuis le 16 mars (fracture de l'omoplate gauche contre Ambri), l'attaquant de Lugano espérait pouvoir revêtir la tunique bianconera jeudi et partager d'éventuelles belles émotions avec ses coéquipiers depuis le banc. Il se consolera peut-être en soulevant le vase bleu. Si son épaule lui autorise le geste.
Il suit le festival depuis Cannes Un Suisse a suivi le quatrième acte de la finale depuis Cannes. Son nom: Pierre-André Reuille, le père du Luganais Sébastien. En vacances sur la Croisette, l'ancien gardien de Davos et de Lugano (!) a commandé une parabole pour vivre le match en direct sur TSR 2. D'ici à jeudi, il a aussi prévu de stocker quelques bouteilles de champagne dans le frigidaire. Au cas où...
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